Savoirs de femmes

Savoirs de femmes dans l’Europe Moderne : entre méfiance et fascination : tel est le titre du dernier numéro de la revue Quaina. Les femmes, en effet, ont développé depuis des siècles des savoirs et des productions scientifiques en grande partie oubliées et absentes de l’historiographie.

Dans son introduction à ce travail collectif, Sophie Soccard explique l’objectif de l’ouvrage :
« Les contributions qui constituent ce numéro portent sur des textes d’autrices dont le discours a joué un rôle déterminant dans la réflexion littéraire, pédagogique ou religieuse. De l’Angleterre à la Nouvelle-Angleterre en passant par la France Renaissante et celle du « grand siècle », ce numéro se lit comme un voyage virtuel, destiné à nourrir notre représentation du paysage intellectuel européen et à dégager l’opacité qui masque les savoirs des femmes dans l’Europe Moderne. »

Les savoirs de femmes ont lourdement été empêchés et invisibilisés par l’absence d’un lieu propre où ce travail s’exerçait. Je me suis consacrée dans ce numéro de Quaina à cette question de l’espace de travail dont les femmes ont longtemps été privées.
Dans mon article intitulé Le bureau, « une pièce à elle », ou la métamorphose du féminin, j’analyse l’histoire du bureau, qu’il soit meuble ou espace de travail isolé de la maisonnée et de ses contraintes. Il représente en effet pour la femme un objet de conquête, aussi bien dans son environnement privé que professionnel. Son autonomisation est marquée par ce lieu longtemps réservé aux hommes, à la fois moyen et représentation du savoir et du pouvoir – qui ne font qu’un. Comme le pressentait Virginia Woolf, la femme n’a pu changer de statut social et, dans un même processus, d’état psychique, qu’à la faveur d’outils d’émancipation déterminants : une « chambre à soi » mais plus encore l’indépendance financière et – défi à la nature et à la société patriarcale – un corps à soi. Le bureau est une pièce maîtresse parmi ces outils d’émancipation.