Portraits d’écrivaines oubliées

Voici une galerie de portraits d‘écrivaines oubliées, ou peu connues, dont les oeuvres aspirent à la lumière. De nombreuses publications participent désormais de ce vaste chantier. Ces redondances entre les sites internet et les ouvrages consacrés à ce thème répareront peut-être l’immense obscurité qui a invisibilisé tant d’oeuvres plus ou moins géniales, originales, comme celles de tant d’hommes après tout. Que chacun y fasse sa moisson et goûte le bonheur de la découverte : inédits, rééditions tardives, pistes de recherche… L’aventure est collective et la dynamique de réhabilitation nécessaire, indispensable pour rendre aux femmes la confiance en leur créativité.

Femme qui pense
© Hélène Maurel

Chaque portrait d’écrivaine renvoie à une page de présentation de l’autrice. Vous y trouverez les informations essentielles, ainsi que des indications bibliographiques si vous souhaitez en savoir davantage. Des liens vers des publications en ligne vous conduiront aussi vers d’autres travaux de recherche en cours.

A ce titre, il faut signaler le travail impressionnant de la Bibliothèque nationale de France pour tenter de rééquilibrer la présence des femmes et des hommes en littérature. Elle consacre, en effet, une page de son site internet aux Femmes de lettres. Entre 2020 et 2024, elle a publié en partenariat avec le journal Libération un portrait d’écrivaine par mois. Dans cette page intitulée Fières de lettres, des liens permettent d’accéder à certaines œuvres mises en ligne par la bibliothèque numérique de la Bnf, Gallica. Certaines autrices font même l’objet de portraits auxquels nous n’hésiterons pas à renvoyer directement.

Ajoutons à ces créatrices peu connues, quelques figures, celles-ci célèbres, car il faut donner aux femmes d’aujourd’hui des modèles, des talents inspirants et, avec elles, la certitude désormais que la création au féminin est possible, par nature. Leur portrait ne sera pas cette fois-ci accompagné de commentaires, puisque de multiples documents, imprimés et numériques, permettent à chacune et à chacun de trouver facilement des informations. Je choisis en priorité sept de ces « grandes écrivaines », qui auront réussi à s’imposer dans l’histoire littéraire : celles qui, sur mon chemin de lectrice, m’ont révélé la puissance de la création littéraire. L’ordre chronologique favorise cette fois-ci l’idée d’un itinéraire édifiant, à poursuivre : de Christine de Pizan, la truelle à la main, qui construit la Cité des Dames, à Annie Ernaux, première femme française à obtenir en 2022 le prix Nobel de littérature.

Bien avant nous, d’autres femmes tentèrent de sauver de l’oubli tant d’écrivaines condamnées à l’oubli. L’épouse du célèbre dramaturge Edmond Rostand, elle aussi poétesse invisibilisée, avait publié en 1943 une anthologie de la poésie au féminin du XIIe au XXe siècle. Voici les dernières strophes de son poème « Florilège » qui clôt sa galerie de portraits de créatrices : elle rend hommage à celles qui n’y ont pas eu leur place, si nombreuses sont-elles :

« Pardon ! Pardon ! si j’en oublie…
J’en vois encor sur le chemin ;
Et des livres de poésie
Resplendissent entre leurs mains.

Ah ! je voudrais les garder toutes
Dans ce jardin que je construis,
Car, si parfois je les écoute,
Je les entends mieux aujourd’hui.

Elles ont formé sous la nue
Une chaîne aux vivants chaînons.
Même, il y a des inconnues
Dont on ignore tous les noms…

Je veux que la plus effacée,
La plus oubliée aujourd’hui,
Sente, un instant, que ma pensée
A côté d’elle me conduit.

Et sache, la pauvre petite,
Qu’en terminant j’écris tout bas
– Comme une fleur qu’on ressuscite –
Son nom, que je ne connais pas ! « 


Rosemonde Gérard, « Florilège », Les Muses françaises, 1943.

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