Anne-Marie Goulinat, une sans pagE

Anne-Marie Goulinat

Anne-Marie Goulinat, poétesse, dramaturge et romancière, est née à Paris en 1908 et décédée en 2007 au Plessis-Trévise dans le Val-de-Marne. Malgré sa longue carrière littéraire qui traverse tout le XXe siècle, elle est tombée dans un oubli complet.

Le projet des sans pagEs est de donner une place plus équitable aux femmes dans l’encyclopédie collaborative Wikipedia, car le déséqulibre lié au genre est flagrant. Ainsi, lorsqu’on cherche à « Goulinat », le père d’Anne-Marie, Jean-Gabriel Goulinat apparaît bien au titre de peintre de paysages et de portraits ; il demeure aussi dans l’histoire de l’art comme restaurateur et auteur d’un ouvrage souvent réédité, La Technique des peintres (Payot, 1922). Sa fille Anne-Marie lui consacre d’ailleurs une biographie, Jean-Gabriel Goulinat, sa vie, sa carrière, publiée au Carrefour des Lettres en1974.

Mais même dans cet article, aucune mention de sa fille écrivaine n’existe. Voilà pourquoi, je suis tentée de la nommer la sans pagE, selon l’expression de ce groupe qui s’efforce de « promouvoir la participation et la visibilité des femmes aux projets Wikimedia ».
En attendant que Anne-Marie Goulinat (1908-2007) ait enfin sa page dans Wikipedia, les Archives départementales d’Indre-et-Loire l’ont rendue à la lumière.

Le site internet des Archives d’Indre-et-Loire propose une page consacrée aux personnalités tourangelles.

Nombre d’entre elles, femmes ou hommes, retrouvent vie grâce au travail d’archivistes passionnés.

Archives d'Indre-et-Loire, Ils, Elles... ont fait l'histoire

Anne-Marie Goulinat trouve ainsi sa place parmi ces figures qui ont fait l’Histoire, au-delà des limites de la Touraine. En effet, l’archiviste Georges-François Pottier, à l’origine de cette notice riche et précise, insiste sur la réception nationale et même internationale de son premier recueil de poèmes Gammes intérieures (1929).

Un document rare, retrouvé par l’archiviste, montre l’accueil favorable que reçoit cette œuvre poétique en Espagne. Il s’agit d’un article publié à Barcelone le 22 août 1929 dans Mirador, un hebdomadaire de littérature, d’art et de politique. Il est écrit en catalan par l’écrivain et critique Joan Ors (1889-1965). Le critique loue « la finesse du sentiment et la liberté intérieure » de la poétesse.
Le second recueil intitulé Feux épars reçoit un accueil plus acerbe au Mercure de France du 1er mai 1933. Pourtant, les publications de ses poèmes dans des revues se multiplient et certains sont même lus en public à la Comédie-Française.

Les Gammes intérieures d'Anne-Marie Goulinat
Anne-Marie Goulinat, dramaturge

Anne-Marie Goulinat connait aussi le succès avec ses pièces de théâtre : en 1932, elle participe au concours de pièces en un acte organisé par le Studio Firmin. Le Petit Journal du 16 novembre 1932 et Le Populaire du 19 novembre 1932 relatent qu’elle présente Miroir à la « première manifestation d’art dramatique féminin […] les vendredi 25 et samedi 26 novembre à la Comédie des Champs-Élysées. »

La bibliographie complète d’Anne-Marie Goulinat figure aux pages 18 et 19 de la notice des archives d’Indre-et-Loire.

Pour preuve de l’intérêt de son œuvre, en 1982, Robert Sabatier, dans le premier volume de son Histoire de la poésie française intitulé
La Poésie du XXe siècle, Tradition et évolution (Albin Michel), cite, dans le chapitre « Mouvances de la Tradition, l’Essor créateur
des femmes », Anne-Marie Goulinat parmi les « poètes dignes de considération […] pour les Gammes intérieures ou Feux épars » [R. Sabatier écrit Faux départs !].

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